Edouard Goerg
Peintre, Graveur et Illustrateur
A la fois dessinateur, lithographe, graveur et peintre, Edouard Goerg fut entre les deux guerres, l’un des représentants caractéristique du courant expressionniste français. La force de son œuvre sera, sa vie durant, dominée par ses sentiments.
Edouard, Joseph Goerg fils de Gustave Goerg et de Blanche Adet, est né le 9 Juin 1893 à Sidney en Australie. Il est issu d’une famille de négociants en champagne.
En 1894, la famille s’installe pour quelques années dans son comptoir de Grande Bretagne à Londres et rejoint Paris en 1900 au 111 rue de Longchamp dans le XVI ème arrondissement.
Edouard Goerg fait ses études à Gerson puis au lycée Janson de Sailly pour devenir peintre. Il rompt avec sa famille qui le destinait à reprendre le négoce dans le champagne. Pour réaliser son ambition, il renonce à la vie confortable que lui offrait son père. Il doit alors surmonter le rejet familial et décide d’entrer à l’Académie Ranson où il restera de 1913 à 1914. Il y suit l’enseignement de Maurice Denis et de Paul Sérusier. Il rencontre le peintre Georges Pleveraud de Sonneville ainsi que Paul Vallotton puis assiste à l’enseignement d’Antoine Bourdelle (sculpteur et peintre). Son admiration se porte vers Francisco Goya, Honoré Daumier, Georges Rouault. Il voyage en Italie (Florence, Sienne, Venise) et en Indes anglaises. Il est mobilisé durant la première guerre mondiale jusqu’en 1919. Envoyé sur le front de l’Ouest, puis affecté dans les régions orientales du front, il découvre la Grèce, la Turquie et la Serbie.
L’expérience dramatique de la guerre influencera fortement la nature de son œuvre dans les vingt années suivantes.
L’une de ses œuvres, véritable critique de la Société des Nations, « Ainsi va le monde sous l’œil de la police » est un manifeste anti-guerre qui inspirera Pablo Picasso pour son « Guernica ». La guerre est pour lui une anomalie grave de la société, c’est ce qu’il dénonce dans son art.
Il restera en conflit avec son père jusqu’à la mort de celui-ci en 1929. Cette opposition aura orientée sa peinture vers une critique acerbe de la société bourgeoise et de ses mœurs.
En 1935 il rencontre Aragon et participe aux activités de l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires. Il s’installe en 1938 à Paris, 11 rue Ducouédic (XIV ème).
Au début de la guerre il refuse un voyage d’artistes destiné à rencontrer Hitler. Jusqu’en 1943, à l’abri du besoin, il créé non pas pour vendre mais pour exposer et communiquer. Il connait beaucoup de succès dans l’entre-deux-guerres. Il participe aux ateliers d’Art Sacré de Maurice Denis.
Son épouse Andrée d’origine Juive doit se cacher avec leur fille Claude-Lise pour échapper aux rafles. Malade, elle meurt en 1944 faute de pouvoir accéder aux soins. Edouard Goerg profondément traumatisé devra être traité par électrochocs. Son art ne put que s’en ressentir. Plus tard ce sont les honneurs et la gloire qui le soutiendront.
Dans les années 1950, il enseigne la gravure à l’eau forte à l’école des Beaux Arts à Paris et la peinture à l’Académie de la Grande Chaumière.
En 1957, il quitte Paris et sa maison atelier de Cély en Bière en compagnie de sa deuxième femme pour s’installer dans le midi. Ces toiles deviennent très claires et très commerciales mais tout en restant fort belles, elles ont perdu leur puissance d’antan. Il devra produire de plus en plus dans la solitude de son château de Callian loin de son entourage familier.
En 1965, il est élu membre de l’académie des Beaux Arts au fauteuil de Willem Vanhasselt. Il continue de peindre. La femme est l’un de ses thèmes de prédilection qui reviendra en plusieurs périodes dont la plus connue est celle des « femmes fleurs ». Il meurt en Avril 1969, mort mystérieuse et disparition de tous ses écrits. Edouard Goerg repose dans le parc de son château de Callian.